Un pneu aux œufs, sérieusement ?
Aussi incongrue que l’idée puisse paraître, c’est pourtant bien sur ce projet que l’université de l’Ohio travaille. Des chercheurs auraient découvert que les coquilles d’œufs et les peaux de tomates constitueraient une alternative intéressante pour la composition des pneus de demain.
Explications.
Un pneu aux œufs : recyclage alimentaire révolutionnaire
En exploitant les vertus du compost alimentaire, des chercheurs ont découvert que les coquilles d’œufs et les peaux de tomates pourraient bien venir remplacer le carbone issu du pétrole qui compose nos pneus.
À la base de ce projet, on retrouve Katrina Cornish, spécialiste en biomatériaux, à qui l’on doit notamment le caoutchouc à base de pissenlit que Continental exploite déjà (voir notre article du 03/09/2014 « Un pneu Continental au pissenlit « ). Cette experte s’est penchée sur le potentiel des aliments qui finissent à la poubelle pour au moins 3 raisons, qu’elle exprime ainsi :
- 30 % d’un pneu est composé de carbone issu du pétrole, pour la plupart du temps acheté à l’étranger. Son coût varie selon l’offre et la demande, mais cette ressource est loin d’être inépuisable et l’industrie du pneu va croissant. De plus, ce matériau s’use relativement vite.
Le pneu aux œufs solutionnerait ce 1er enjeu, l’accessibilité et la durabilité de la matière première. - Indépendance et réduction des coûts : évidemment, si vous produisez vous-même vos composantes, vous réduisez les coûts d’importation et êtes moins dépendant des fluctuations des marchés.
- Recyclage des déchets alimentaires : un atout de poids dans la démarche de consommer proprement et dans le respect des éco-systèmes.
Quelques chiffres pour appuyer le potentiel du pneu aux œufs
Cette étude étant actuellement menée aux Etats-Unis, les chiffres sont relatifs à leur consommation d’œufs et de tomates. On estime ces données à environ 100 milliards d’œufs et 13 millions de tonnes de tomates par année. Facile donc d’imaginer le potentiel de cette alternative. Pour information, l’Europe n’est pas en reste, au contraire. La France, à elle seule, a produit 14,7 milliards d’œufs en 2015, maintenant sa place de premier producteur d’œufs de consommation dans l’UE. Il est donc intéressant de suivre ce projet de près !
Pourquoi des œufs et des tomates ?
C’est en fait l’association des deux qui produit le résultat le plus prometteur.
La coquille d’œuf apporte porosité et adhérence, mais manque de flexibilité.
La tomate, dont la peau est épaissie par l’agro-industrie pour mieux résister au transport (devenant, du coup, difficile à digérer), compense ce manque de souplesse par sa structure plus fibreuse. Ces dernières (peaux de tomates) ont aussi démontré une excellente résistance à la chaleur, offrant dès lors une base de qualité à la composition d’un pneu.
Qui sait … les prochaines générations auront peut-être pour proverbe populaire « On ne fait pas de pneu sans casser des œufs » ^^
Source et crédit image : https://news.osu.edu/news/2017/03/06/tomatotires/